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6 maladaptations au changement climatique

Pourquoi ces idées d'actions menées pour lutter contre le changement climatique sont en réalité de fausses bonnes idées ?

Eloïse GRENIER
Publié le  
8/30/2023
Mis à jour le  
8/30/2023
Sommaire
Idée n°1 : Planter 1 milliard d’arbres d’ici 2030 pour renforcer nos puits de carbone et lutter contre le changement climatique.

Le projet est alléchant, mais en réalité, c’est peut-être une très mauvaise idée ❌

“Si on plante des forêts c’est qu’on s’est planté”*

🌳 Si le projet consiste à planter des arbres à croissance rapide, le résultat risque d’aller à l’encontre de l’objectif initial. Les arbres à croissance rapide (peuplier, saule, bouleau, sapin) ne captent pas beaucoup de carbone et sont très fragiles. De plus, la biodiversité qui se développe sur les plantations d’arbres en monoculture est généralement pauvre et très limitée.

Par ailleurs, en cas d’incendie, de vents violents, les plantations présentent très peu de résistance comparé aux forêts diversifiées et denses. Les plantations d’arbres sont également vulnérables aux pathogènes et aux parasites. 🦟

Veiller sur les vieilles forêt est une bien meilleure idée : Les bois durs et denses captent bien mieux le carbone, et pour bien plus longtemps. Inconvénient : ils poussent lentement et ne pourront pas effectuer leur fonction de puits de carbone à échéance courte.

🌲 Les forêts diversifiées et denses présentent bien plus d’avantages :

✔️ Stockage du carbone

✔️ Approvisionnement en eau moins important

✔️ Contrôle de l’érosion des sols

✔️ Une biodiversité riche et protégée

Planter des arbres sert-il vraiment à lutter contre le changement climatique ? 🤔

A court-terme, et en respectant une forêt diversifiée ? non.  La meilleure solution pour lutter contre le changement climatique est avant-tout d’éviter d’émettre des Gaz à effet de Serre.

*Philippe Falbet, Spécialiste de la forêt pyrénéenne, interviewé par France Bleu Occitanie.

Idée n°2 : Compenser les vols nationaux en plantant des arbres

Planter des arbres pour continuer à voler, une solution douteuse et peu convaincante ⬇️

La France rend obligatoire la compensation carbone des vols nationaux, une première dans le monde, mais pas une si bonne idée finalement 🫠

Les objectifs de compensation fixés aux opérateurs aériens :

🎯 50% des émissions compensées en Janvier 2022

🎯 70% en 2023

🎯 100% en 2024

Les solutions de compensation possibles :

🌲 Planter des arbres (voir épisode 1 de cette série pour comprendre que ce n’est pas toujours une bonne idée)

🌱 Développer des prairies permanentes

🏗️ Utilisation de matériaux bas carbone dans la construction

Le problème majeur dans ce projet, c’est que pour compenser les émissions des vols des “179 millions de passagers aériens en France, il faudrait planter, chaque année, 1,8 milliard d’arbres et recouvrir la totalité des terres cultivées dans le monde.” (Delphine Batho, Présidente de Génération écologie)

La meilleure solution pour lutter contre le changement climatique est avant-tout d’éviter d’émettre des Gaz à effet de Serre. Par exemple, limiter au maximum les trajets aériens !

Pour limiter vos trajets en avion, vous pouvez essayer Hourrail, une application qui permet de trouver des alternatives bas carbone à vos projets de voyage. (ceci n’est pas une sponsorisation, on trouve juste l’idée sympa pour promouvoir et faciliter les voyages bas carbone).

Idée n°3 : Dessaler l’eau de mer pour obtenir de l’eau potable

Cette pratique engendre 2 gros problèmes ❌

Premier problème : Les techniques de dessalement sont très gourmandes en énergie, ce qui amplifie le réchauffement climatique.

De plus, les usines de dessalement fonctionnent en majorité grâce aux énergies fossiles.

D’après une étude de la Banque Mondiale, sans changement dans le fonctionnement du secteur, il pourrait émettre, d’ici 2050, autant de CO2 que ce qu’a émis la France en 2021.

Second problème : Les rejets toxiques

Les usines de dessalement rejettent de la saumure dans les océans.

La saumure c’est un concentré d’eau de mer chaude, plus salée, contenant des produits chimiques. L’océan est un des principaux puits de carbone, y déverser de l’eau salée réduit sa teneur en oxygène, ce qui réduit sa capacité à capter du carbone, amplifiant le dérèglement climatique.

La saumure représente également un danger pour les écosystèmes marins et les coraux…

Eviter les fuites, réutiliser les eaux usées, réduire nos usages non essentiels (piscines, golf…) semblent être des solutions plus adaptées au changement climatique sans endommager la biodiversité et éviter d’amplifier les conséquences du changement climatique.

Idée n°4 : Enfouir le CO2 dans les profondeurs de l’océan

«Nos capacités de stockage en mer du Nord sont quasi illimitées, affirme Martin Anfinnsen, le directeur commercial d’Equinor (société d’énergie et stockage de carbone). Au lieu de réchauffer le climat, le CO2 sera stocké en toute sécurité sous le fond de l’océan.»

L’idée est donc de créer une sorte de lac, à + 2500m de profondeur pour que le CO2 soit piégé grâce à la pression exercée en profondeur.

Plusieurs problèmes émanent de cette technique :

Le CO2 piégé ne l’est que temporairement : il se dissous petit à petit dans les eaux environnantes

Le CO2 qui s’échappe progressivement de ces “lacs” de CO2 enfouis acidifie l’océan et modifie sa composition chimique

❌ On ne sait pas comment réagissent les espèces maritimes à cette modification chimique

❌ Le projet Norvégien (Northen Lights) est porté par Shell et Total Energies, des entreprises pétrolières qui ont tout intérêt à trouver des solutions de stockage de CO2 rapidement pour continuer leurs activités émettrices.

Stocker le CO2 dans les profondeurs de l’océan est une solution court-terme : c’est mettre en danger la faune et la flore sous-marine par les rejets de carbone que cela va produire.

Réduire nos émissions de CO2 et protéger et développer les puits de carbone naturels semble être de bien meilleures idées. Il est plus qu’essentiel de réaliser que la solution n’est pas de cacher nos émissions carbone sous l’océan mais bien de ne plus en produire.

Idée n°5 : Faire tomber artificiellement de la pluie

L’ensemencement des nuages ou pluie artificielle, consiste à envoyer des produits chimiques (aérosols, iodure d’argent, azotes liquides…) dans les nuages pour jouer le rôle de poussière à laquelle s’accroche la vapeur d’eau, qui forme ensuite des gouttelettes, qui fusionnent, s’alourdissent et tombent : on obtient de la pluie.

Normalement rien qu’avec ça, on sait que c’est une fausse bonne idée.

Mais pour les plus (climato)sceptiques, voici les problèmes majeurs qui émanent de cette technique :

Modification des cycles naturels : La modification du régime des précipitations peut perturber les écosystèmes naturels, affecter la biodiversité et exacerber les déséquilibres environnementaux existants.

Problèmes d’équité et d’accès à un bien commun : Déployée dans des régions spécifiques, elles risquent de priver les régions voisines de la pluie qui aurait surement dû tomber sur leur territoire. Cela peut exacerber les inégalités d’accès à l’eau.

Traiter le problème à l’envers : Au lieu de s’attaquer à la gestion durable de l’eau, à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en partie responsable de la réduction des ressources en eau de la terre, on essaie de créer artificiellement de la pluie en utilisant des produits chimiques, des avions etc…

Mauvaise affectation des ressources techniques et financières : La mise en oeuvre d’un tel projet nécessite des ressources financières et techniques considérables. Investir dans ces projets peut détourner des fonds pour des solutions plus durables de conservation et d’amélioration de la gestion de l’eau.

Une efficacité discutable : Les chances de succès de l’encensement des nuages sont estimées à 10%.

👉🏻 L’utilisation de telles technologies met en évidence l’urgence climatique et la nécessité de trouver des solutions durables pour lutter contre la sécheresse et les changements climatiques plutôt que la mise en oeuvre de solutions hasardeuses.

Des solutions long-terme et sans dégâts supplémentaire, il en existe :

💦 Limiter les usages non-essentiels : golf, piscines, etc

🌍 Reboiser et adopter l’agriculture durable permet d’améliorer la rétention naturelle de l’eau et restaurer les écosystèmes.

🌱 Encourager les pratiques de conservation de l'eau, tant au niveau individuel qu'industriel. Exemple : Mettre un récupérateur d’eau dans votre jardin, dans les espaces verts de votre entreprise et utiliser cette eau pour l’arrosage.

Idée n°6 : Construire des mégas bassines pour irriguer les cultures même en cas de sécheresse

Rappel : une mégabassine c’est une immense réserve d’eau que l’on remplit en hiver en puisant dans les nappes phréatiques ou les cours d’eau. Elles doivent permettre aux agriculteurs d’irriguer les cultures, même en été, quand il n’y a plus d’eau.

Mais alors pourquoi c’est une si mauvaise idée ?

Privatisation de l’eau : Dans les Deux-Sèvres, 16 méga-bassines sont construites pour seulement 6% d’agriculteurs du département raccordés.

Gaspillage de l’eau : Les pertes en eau liées à l’évaporation dans les méga-bassines oscilleraient entre 20% et 60% (GreenPeace)

La biodiversité en danger : Puiser dans les nappes phréatiques et les cours d’eau prive la nature de son cycle naturel et met en danger de nombreuses espèces.

Favoriser l’agriculture intensive : Les méga-bassines sont principalement destinées à irriguer les cultures de céréales (utilisées principalement pour l’élevage industriel), très gourmandes en eau.

Le problème est pris à l’envers : au lieu de favoriser une agriculture protégeant le vivant et économe en eau, on construit des réserves d’eau qui détruisent le vivant pour des cultures intensives dont on connais les conséquences (disparition des paysans, agrandissement des fermes, appauvrissement des sols…).

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